Parfois l'autre est fatigué. Tout simplement fatigué. Il en a assez. Il ne s'endure plus les deux fesses collées ensemble. Il est marabout et renfermé. Il a l'air bête et vous laisse l'impression que vous êtes mieux de ne pas l'approcher.
Il y a de cela plusieurs années, quelques semaines après le décès de mon père, je suis en visite chez ma mère qui prépare quelque chose dans la cuisine. Je suis assis à la table en train de lire le journal. Soudain, ma mère se met à brasser la vaisselle, claquer les portes d'armoires et semble être en colère sans raison apparente. Mon premier réflexe est de m'insurger devant cette montée d'agressivité injustifiée. Sur le point de réagir genre : "Aie, c'est quoi ton problème!", je me ravise et ai l'intuition qu'une autre réaction de ma part serait plus appropriée. Je me lève et me dirige doucement vers ma mère et la prend dans mes bras malgré son apparente agressivité. Elle résiste quelques secondes, fait mine de me repousser et puis, tout à coup, fond en larmes. "Papa n'avait pas le droit de me faire ça", me dit-elle entre deux sanglots. Je la garde dans mes bras de longs instants le temps de laisser sortir toute cette peine et je me réjouis de l'intuition que j'ai eue...
Parfois, l'autre est fatigué et en a vraiment assez... et tout ce dont il a besoin c'est un gros calin pour lui rappeler qu'il est aimé...
D'autres raisons d'aimer l'autre ICI