Parfois j'aime l'autre qui m'a déjà aimé et qui ne m'aime plus. L'autre qui est heureux sans moi et qui me regarde avec un regard vide quand je le croise. L'autre avec qui j'avais fait des projets, pris des engagements, avec qui j'ai peut-être même eu des enfants. L'autre qui s'est trouvé quelqu'un d'autre à aimer et qui me mentionne subtilement son existence de temps à autre pour me rappeler que ce n'est plus moi qui occupe cette place.
Je peux continuer à aimer l'autre qui ne m'aime plus. Ce n'est pas nécessairement un choix... c'est comme ça. Au fond de mon coeur je sais que cette personne restera pour toujours unique et spéciale dans ma vie. Et, quand je la rencontre, ça fait mal, parce que je sais que cet amour n'est plus réciproque.
Je peux alors bénir la vie pour avoir eu le bonheur de partager des moments d'amour avec cette personne. De temps en temps toutefois, le rejet et l'abandon veulent s'imposer dans un cortège de regrets et de ressentiments. Cet amour peut subir la tentation de sombrer dans la haine dans une tentative désespérée d'arracher cet amour qui reste collé là... La colère devient ma façon d'entrer en relation avec cette personne, colère que j'utilise pour me protéger des sentiments réels qui sont toujours bien là au fond de mon coeur...
Je peux alors me demander si j'aime vraiment cet autre qui ne m'aime plus. Parce que si je l'aime et si cette personne est plus heureuse avec ces nouveaux choix, je ne devrais que me réjouir. Une bonne raison d'aimer l'autre est que, même abandonné et rejeté, je peux continuer à vivre de l'amour et progresser vers la sérénité plutôt que de sombrer dans la mélancolie et la tristesse. Il y a bien sûr un deuil à vivre. Mais même ce deuil est plus facile à vivre, si je le vis dans l'amour.
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