
L'autre a peur de l'autre. Il a aussi peur de lui-même ou d'elle-même. Plus souvent, l'autre a simplement peur. C'est une peur subtile qui prend toutes sortes d'apparences et que l'on projette souvent sur l'autre. La peur de ses propres pensées, de ses propres sentiments, de ses propres émotions. Peur de ses préférences ou de ses répugnances. Peur de s'assumer, de s'affirmer. Peur du rejet... la fameuse peur du rejet qui nous rendra souvent sourd et muet - qui nous retiendra dans notre cage, qui nous poussera à nous cacher, à mentir. Qui nous empêchera de "faire des vagues". Elle prendra souvent l'apparence de la peur de déplaire, ou plus subtile encore, la peur de "blesser" l'autre. Mon Dieu, qu'arrivera-t-il si je disais vraiment le fond de ma pensée? Si j'exprimais mon véritable sentiment? Dans cette étrange époque de pression sociale tous azimuts, on est tous susceptibles d'être coupables de quelque chose. Des choses qu'on ne soupçonne même pas. Des choses qui hier faisaient rire et qui aujourd'hui, font frémir... et l'autre qui a peur se libère parfois de sa propre peur en essayant de la transmettre à l'autre ou de l'en accuser...
"La colère naît d'une peur qu'on veut faire changer de maître". Robert Sabatier

Alors cet autre qui a peur et qui me ressemble tant finalement, j'ai quand même intérêt à l'aimer. Comprendre qu'il a peur sous son masque qui dit le contraire. Je peux l'écouter et m'efforcer d'entendre ce qu'il y a derrière ce masque. Deviner que quelqu'un de plus vulnérable s'y cache. Je ne suis pas obligé de croire tout ce que me dit l'autre, parce que souvent c'est dans ce qu'il ne dit pas qu'il se révèle le plus. L'autre a souvent peur de la vérité - jusqu'à ce qu'il comprenne que la vérité le libèrera.
Je peux aimer l'autre en lui montrant quelque chose de ma propre vulnérabilité.

Soulever un coin du voile, soulever le masque juste assez pour lui montrer que moi aussi je peux avoir peur et vouloir me cacher. À son tour, l'autre trouvera peut-être le courage de soulever un coin du voile, un coin du masque... et dans ce clin d’œil complice, accepter de se laisser aimer...
"Il n'y a pas de peur dans l'amour, mais l'amour parfait chasse la peur, car la peur porte avec elle un tourment; et celui qui craint n'est pas accompli dans l'amour."
1 Jean 4:18
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