Un jour, l'autre se retrouve prisonnier d'une recherche maladive de récompense et/ou de soulagement. L'autre ne se voit pas aller dans cette quête sans fin. Dans cette spirale mortelle, l'anxiété et la dépression se mêlent à l'alcool, aux médicaments et aux drogues. Parfois le sexe, le travail, la nourriture, le gambling et toutes sortes de comportements toxiques sont aussi de la partie.
Au début l'autre pense que cette recherche maladive de récompense et/ou de soulagement est sans conséquence. Après tout, il a bien droit à un peu de plaisir. Il ne voit pas non plus, que cette manie du toxique l'amène à s'isoler et à négliger ses autres besoins, ses relations, ses responsabilités.
Dans cette fuite par en avant, il se retrouve peu à peu entouré de personnes aux prises avec la même quête obsédée. Puis, à son insu , le vide se fait autour. Ses relations, ses engagements, ses implications s'effritent et c'est le cul-de-sac. Certains se rendent jusqu'au bas-fond, là où ils ont tout perdu ou à risque de tout perdre. C'est là qu'ils commencent à se dire que ça ne va pas. Sévèrement endommagés en dedans et en dehors, le mental et le physique ont peine à suivre. Tellement de valeurs ont été bafouées dans cette trajectoire mortelle.
L'autre ne comprend pas ce qui se passe. Le centre du plaisir de son cerveau a été pris en otage par ses manies toxiques. Mais lui se dit qu'il n'a pas de volonté, qu'il est une mauvaise personne, qu'il est un raté ou un échec, un loser... et l'entourage a tendance à penser la même chose et à le traiter comme tel.
Le paradoxe est que l'autre ainsi prisonnier de ses manies toxiques a besoin d'un autre pour s'en sortir. Ses manies toxiques le poussent à s'isoler dans sa honte et sa souffrance. Pourtant, lorsqu'il rencontre un autre qui est passé par là et qui a commencé à s'en sortir, un tout petit peu d'espoir refait surface. S'il fait juste un peu confiance à cet autre, il rencontrera plein d'autres qui s'en sortent une journée à la fois avec des échecs et des succès.
L'autre a besoin de l'autre pour s'en sortir. En compagnie de ces autres qui ont commencé à s'en sortir, il redécouvre la capacité d'aimer et d'être aimé. Il commence à s'accepter parce qu'il est accepté.
C'est quand il est le moins aimable que l'autre a le plus besoin d'être aimé. C'est lorsque l'autre se sent le plus inacceptable qu'il a le plus besoin d'apprendre à s'accepter. Cette raison d'aimer l'autre procure une telle récompense, qu'elle fait maintenant partie du chemin qui mène à la sérénité.
Puissiez-vous aujourd'hui aimer et être aimé tel que vous êtes afin de pouvoir à votre tour aimer l'autre tel qu'il est.
Pierre Eugène Rioux, psychosociologue
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