Je me rend compte que l'autre est prisonnier de son passé. Il y retourne constamment. Ça fait partie de son identité. L'autre cherche dans son passé des réponses à son présent et à son futur. L'autre en vient tellement à fréquenter son passé, qu'il devient un fantôme dans son présent. Tout son présent est vu et vécu à la lumière de son passé. L'autre porte les lunettes de son passé pour voir son présent. Évidemment, ceci lui donne une vision distorsionnée de son présent.
Souvent, l'autre est prisonnier de son passé parce qu'il y a vécu de la souffrance sous toutes sortes de formes. Comme il s'identifie à son passé, il s'explique son présent par cette souffrance passée. Commence alors la quête sans fin de "thérapeutage" afin de trouver le problème.
Étant moi-même tombé dans ce piège durant de nombreuses années, je me suis vu un jour comme un automobiliste arrêté sur le bord de la route, la capot ouvert, la tête dans le moteur à chercher ce qui n'allait pas. Évidemment, quand on cherche on trouve et j'ai trouvé des travers et des problèmes sans fin. Sauf, que tout ce temps, j'étais toujours bloqué sur le bord de la route tandis que la vie continuait juste à côté de moi.
Hillman, l'un de nos plus grand psychologue Jungien a écrit en 1993 le livre: "We've had a hundred years of psychotherapy and the world's getting worse". Ce livre suggère qu'il y peut-être un temps pour fouiller dans son passé, et qu'il y en a un autre pour vivre son présent.
Comme l'autre en quête de réponses, j'ai longtemps navigué dans le passé et j'allais de plus en plus mal. J'ai donc choisi un jour de vivre dans le présent. Ceci implique de fermer la capot et de reprendre la route avec un véhicule imparfait, bourré de défauts. Ceci implique d'accepter de vivre avec un état de défectuosité. Ceci implique d'aimer et d'être aimé avec ses forces et ses limites.
Eckart Tolle, dans son magnifique ouvrage "Vivre libéré" nous démontre comment la vie se vit au présent. C'est là que j'y découvre la plus grande source de joie, d'amour et de paix. C'est là que j'y découvre la plus grande possibilité d'évoluer. Ceci implique que je fais davantage confiance à la vie qu'à mon égo. Mon égo qui croit mieux que la vie ce que je devrais être. En mettant de l'humilité dans ma vie, j'en viens à faire confiance à La Vie afin d'évoluer. J'accepte qu'elle mette sur mon chemin les défis et les opportunités qui contribueront à ce que je devienne ce que je suis appelé à être. J'accepte les joies et les peines, les opportunités et les contrariétés, confiant que tout ceci a un sens, même si celui-ci m'échappe parfois.
En vivant ainsi, j'accepte mieux La Vie qui devient, de ce fait, plus douce. En acceptant La Vie et en m'acceptant ainsi, j'arrive à mieux accepter et aimer l'autre où il est et comme il est. Bien enraciné dans mon présent, je l'encourage à sortir de sa torpeur fantomatique où son égo l'entraine régulièrement. Écartelé entre les regrets du passé et les craintes de l'avenir, l'autre voit qu'il est possible de vivre dans le présent et d'y trouver toutes les réponses et toutes les ressources nécessaires à son évolution.
Puissiez-vous, aujourd'hui, choisir d'habiter le seul espace où vous existez vraiment, le seul espace où votre vie peut rencontrer "La Vie", le seul espace où tout ce passe: le moment présent...
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