Dans ces drôles de vies que sont maintenant les nôtres, y a-t-il quelque chose de plus important que le bien que l'on peut faire à l'autre? Au bout du compte, qu'est-ce qui comptera vraiment dans nos vies? Nos possessions? Nos succès professionnels? Le nombre d'amis Facebook? Non, ce qui comptera, c'est le bien que nous aurons fait à l'autre.

Avez-vous déjà vécu cette expérience de réellement faire du bien à l'autre? Je parle de faire du bien d'une manière désintéressée, sans rien attendre en retour. Il en ressort une douceur et un bien-être qui ont un effet puissant sur nous.
Ce principe est à l'origine même d'un mouvement mondial qui aura aidé le plus grand nombre d'individus de par le monde. Je parle d'Alcooliques Anonymes. Ce mouvement basé sur l'entraide a aidé mondialement des millions de personnes aux prises avec l'alcoolisme. Aujourd'hui, deux cent fraternités différentes (Narcotiques Anonymes, Gamblers Anonymes, Al Anon, EADA, Outremangeurs Anonymes, etc.) sèment l'entraide et l'amour dans le seul but de faire du bien à l'autre. Pourquoi? Parce qu'ils ont découvert un secret: la sérénité vient de ce geste d'amour qui fait toute la différence dans la vie de l'autre.
Je ne sais pas si vous êtes croyant, ou si les orteils vous changent de pied quand vous entendez parler de la foi et pire encore, de la bible, mais il y a un texte qui me revient en écrivant ces lignes, celui du Jugement dernier dans Mathieu 25:31-46. Cette parabole nous indique de façon allégorique ce qui compte le plus dans nos existences. Voici ce qui est écrit:

Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs; et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite; "Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du Royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli; j'étais nu, et vous m'avez vêtu; j'étais malade, et m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venus vers moi."
Le justes lui répondront: "Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, et t'avons-nous donné à manger; ou avoir soif, et t'avons-nous donné à boire? Quand t'avons-nous vu étranger, et t'avons-nous recueilli; ou nu, et t'avons-nous vêtu? Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi?"
Et le roi leur répondra: "Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites."

Ensuite, il dira à ceux qui seront à sa gauche: "Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger, et vous ne m'avez pas recueilli; j'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu; j'étais malade ou en prison, et vous ne m'avez pas visité."
Ils répondront aussi: "Seigneur, quand t'avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t'avons-nous pas assisté?"
Et il leur répondra: "Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites."
Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle.
Bon, on se calme. Je n'ai aucune idée si les uns iront au ciel et les autres en enfer. J'ai envie de voir ce texte comme une allégorie qui nous décrit bien ce principe de prioriser le bien que l'on fait à l'autre.

Nous savons que l'égoïsme et l'égocentrisme nous enferment dans un enfer sur terre. À l'opposé, s'intéresser et se préoccuper de l'autre avec le désir sincère de le laisser repartir mieux qu'à son arrivée, est un principe de vie qui nous fait du bien et nous rapproche du paradis sur terre.
Inutile de jouer au héros. Dans notre quotidien nous avons tous l'occasion de faire du bien à l'autre. Ne serait-ce que de l'écouter attentivement avec bienveillance. Et les gestes simples du quotidien sont souvent les plus touchants quand ils sont faits avec sincérité et désintéressement. Et particulièrement en ces moments troublants que nous vivons tous, ces gestes peuvent faire toute la différence, d'autant plus que nous ne seront pas éternellement (du moins je l'espère) soumis à une urgence sanitaire.
Je vous laisse avec Brassens qui avait bien compris ce principe et nous l'a magnifiquement transmis dans sa chanson pour l'Auvergnat.
Pierre Eugène Rioux, psychosociologue spécialisé en gestion du rétablissement des dépendances.