Aimer l'autre l'aidera à se libérer de la honte car l'acceptation est la clé du changement.
L'autre fait parfois des choses qui lui font ressentir de la honte, d'autres fois, de la culpabilité. L'autre ne fait pas toujours la différence entre les deux. Avec le temps, il en vient à comprendre que la culpabilité lui dit qu'il a fait quelque chose qui va à l'encontre de ses valeurs. Par contre, la honte, vient lui dire qu'il n'a pas de valeur, qu'il est défectueux. La culpabilité lui dit qu'il a fait quelque chose de mal, tandis que la honte lui dit qu'il est mauvais.
La honte est l'émotion la plus toxique qui soit. Elle est subtile. Elle s'insinue et se mélange avec d'autres émotions, se cachant comme un parasite qui maintient l'autre dans un état de vulnérabilité, de rejet et de haine de soi-même.
La honte vient souvent quand l'autre fait ce qu'il ne veut pas faire et ne fait pas ce qu'il voudrait faire. La nature humaine est ainsi faite, qu'on se triche soi-même. Si l'autre est aux prises avec la manie du toxique (toxicomanie), il se retrouve souvent dans cette position de faire ce qu'il ne veut pas et de ne pas faire ce qu'il veut. Et la honte qui s'en suit l'entraîne dans une cercle vicieux où il fait de moins en moins ce qu'il veut et de plus en plus ce qu'il ne veut pas. Combien de toxicomanes en rechute tardent à revenir chercher de l'aide suite à une rechute, parce qu'ils sont empêtrés dans les filets de la honte?
La honte est subtile et aime agir dans l'ombre. La première chose à faire pour s'en défaire, est d'en prendre conscience et l'amener ainsi en pleine lumière. Il faut donc d'abord accepter de ressentir cette émotion toxique, dévalorisante et assassine. Quand l'autre commence à prendre conscience qu'il est habité par ce genre de message émotionnel qui lui répète qu'il est défectueux et mauvais, il peut commencer à remettre ce message en question. Il peut commencer à faire la part des choses. Distinguer la culpabilité de la honte et s'interroger sur sa véritable valeur d'être humain. Il peut aussi commencer à prendre connaissance de ses traits de caractère et de personnalité afin de commencer à s'accepter tel qu'il est. L'acceptation étant la première étape du changement, cette ouverture aura définitivement un impact sur la honte.
Si l'autre est familier avec les Douze Étapes, il découvrira que de nombreuses Étapes sont là dans ce but. La Quatrième Étape suggère de faire sans crainte un inventaire moral approfondi de nous-mêmes. La Cinquième Étape suggère d'avouer à soi-même, à Dieu et à un autre être humain, la nature exacte de ses torts - soit la nature de ses défauts de caractère, qui, il faut s'en souvenir, n'ont pas été choisis par nous. La Sixième Étape suggère de devenir entièrement prêt à ce que Dieu se charge de nous changer. La Septième Étape nous suggère de Lui demander humblement d'enlever ce que Lui, considère comme un défaut. Les Huitième et la Neuvième Étapes suggèrent de réparer nos torts. La Dixième Étape suggère de poursuivre notre inventaire personnel (pas celui des autres) et d'admettre promptement nos torts (nos défauts qui se manifestent encore) dès qu'on s'en aperçoit. Et la Onzième Étape nous suggère de développer notre contact conscient avec Dieu, par la prière et la méditation, ce qui nous amènera à être plus conscients de nous-mêmes et à trouver l'aide de Dieu pour nous améliorer un jour à la fois.
Chemin faisant, l'autre se sent plus serein. La honte perd peu à peu du terrain comme la neige au printemps. L'acceptation et l'amour de soi favorisent de meilleurs rapports avec soi et avec les autres et permettent des relations plus harmonieuses. L'autre sort du cercle vicieux et s'engage dans un cercle harmonieux.
En attendant, aimer l'autre, l'aidera définitivement à trouver son chemin vers la paix et la sérénité.
Pierre Eugène Rioux, psychosociologue spécialisé en gestion du rétablissement des toxicomanies.
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