De nos jours, et particulièrement dans le mouvement des groupes d'entraide anonymes, il y a une tendance à étiqueter à outrance les relations de "dépendance affective". J'ai un problème avec ça. Si je m'attache à quelqu'un, c'est de la dépendance affective, si je tiens à une relation, c'est de la dépendance affective, si je suis dans une relation et que je suis abandonné ou rejeté et que ça m'affecte, c'est de la dépendance affective, etc.
La "dépendance affective" est-elle devenue un "fourre-tout"?
Aujourd'hui, la dépendance affective est devenue un "fourre-tout" qui nous amène à douter de nos relations, comme si au final, la seule solution est de rester complètement indépendant sinon, carrément célibataire. Une personne que je connais me dit : "Si la personne avec qui je suis en couple vient frustrée, je viens frustré, si elle vient heureuse, je viens heureux", c'est sûrement de la dépendance affective"!
Problème d'émotions ou de défauts de caractère?
N'est-ce pas un peu normal d'être affecté par l'humeur de l'autre avec qui je partage mon intimité? En fait, ce que les 12 étapes nous apprennent, c'est que notre problème vient davantage de nos défauts de caractère et ce, bien plus que de nos émotions. Nos émotions reflètent nos défauts de caractère. Si je suis trop affecté par les humeurs de l'autre, peut-être suis-je dans l'égocentrisme - l'égocentrisme étant une tendance à se sentir coupable et responsable de tout. Peut-être suis-je dans la peur, qui est un des pires défauts de caractère chez la majorité des toxicomanes.
La peur était comme un fil mauvais et pourri, la trame sur laquelle nos existences étaient tissées. Elle a engendré des situations qui nous ont causé des malheurs que nous ne croyions pas avoir mérités. - Alcooliques Anonymes pp 76
Peut-être suis-je dans l'égoÏsme, priorisant constamment mes besoins au détriment de ceux de l'autre.
Se choisir soi-même, mais à quel point?
Il est vrai qu'il est important de se choisir soi-même et répondre à ses propres besoins dans la mesure du possible. Mais l'être humain est un être de relation. Nous avons besoin les uns des autres. C'est pourquoi le mouvement des groupes de support anonymes (AA, NA, EADA, Al-Anon, etc) est basé sur l'entraide.. Est-ce de la dépendance affective? Pas du tout. C'est dans l'ordre des choses. Mais parce que nous avons besoin les uns des autres, il faut aussi savoir tenir compte des besoins des autres. C'est ce que le CD (Cessez d'être gentil et soyez vrai) raconte : "Comment puis-je être en lien avec toi sans me couper de moi, comment puis-je être en lien avec moi, sans me couper de toi."
Souvent, comme nous les toxicomanes, sommes en général des extrémistes, nous faisons l'un ou l'autre, soit : "Se couper de soi pour être en lien avec l'autre, soit se couper de l'autre pour être en lien avec soi". Aujourd'hui, l'égoÏsme est devenu la norme dans les relations affectives et le véritable partage prend des airs de déviance et de dépendance affective. Pourtant, sans ce partage, pas d'intimité et sans cette intimité, pas de relation amoureuse.
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Pierre Eugène Rioux,