Récemment un article rédigé par Rafi Letzter, un journaliste scientifique du Business Insider a attiré mon attention.
Monsieur Letzter résume avec brio un article sur une revue de plusieurs recherches qui nous offre un éclairage intéressant sur le phénomène de la dépendance.
J’ai donc pris la liberté de traduire l’article afin de vous faire profiter de la plume de Rafi Letzer.
(Pour avoir accès à l'original anglais de l'article, veuillez cliquer ici.)
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Les scientifiques ont identifié dans le cerveau 3 clés associées à la dépendance.
- Rafi Letzter
Pourquoi ne pouvez-vous pas cesser de boire ? Pourquoi votre père ne peut-il cesser de fumer la cigarette? Pourquoi votre ami ne peut-il pas laisser la cocaïne ?
Il existe une réponse facile et incomplète : Vous êtes dépendant. Vous avez une dysfonction qui compromet les mécanismes dans votre cerveau qui, autrement, vous conduirait vers de meilleurs choix.
Mais qu’est-ce que ça veut réellement dire ? Si la dépendance est une maladie, à quoi ressemble-t-elle ? Est-ce la même chose d’une substance à l’autre ou d’une personne à l’autre ?
Un récent article du « National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism » propose un nouveau cadre visant à laisser plus de place à la description et à la compréhension de la dépendance.
Ceci est très important parce qu’il offre aux chercheurs un système permettant d’aborder la dépendance comme un problème neurologique unique, et de positionner les pièces individuelles de la dépendance dans un ensemble plus large.
Ceci facilite la réponse à des questions telles que : « Pourquoi certaines personnes sont plus susceptibles de développer de la dépendance ? » « Pourquoi tellement de personnes dépendantes ont ce gène ? » et plus important encore « Comment pouvons-nous prévenir et traiter ces dépendances une fois formées ? »
La dépendance, selon les auteurs des articles basés sur une revue de recherches existantes, comporte trois clés :
Les fonctions exécutives : Le cerveau humain excelle à prendre du recul de façon à avoir une perspective plus large des défis en cause et de la manière de les traiter. Il aborde des questions complexes et offre des réponses complexes.
Les personnes dépendantes ont tendance à avoir des difficultés avec ce mécanisme de la pensée – particulièrement lorsque vient le temps de planifier à long terme. Ils ont de la difficulté avec l’attention, l’inhibition, la planification à long terme ainsi que le jugement au sujet du passé et du futur.
Ce genre de déficit apparait chez les personnes aux prises avec des dépendances allant de la nicotine à la cocaïne au cannabis, et semblent jouer un rôle significatif dans la dépendance en tant que maladie mentale.
Saillance incitative (la saillance incitative est une sous-composante de recherche et de désir de récompense sous-jacente à la motivation) : Pourquoi avez-vous mangé cette énorme brioche sucrée ce matin ? Parce que votre tête ne prend pas toutes ses décisions au niveau de ses fonctions exécutives. Plusieurs de vos décisions proviennent d’une recherche plus primitive de récompense.
Quand votre cerveau est entraîné à vouloir quelque chose, que ce soit une gâterie sucrée ou une gorgée d’alcool, un système de récompense entre en scène et vous développez un besoin massif (craving). Et quand il l’obtient, votre cerveau libère une poussée de composantes chimiques, incluant la dopamine – l’hormone la plus connue dans le cerveau. Ceci est le sous-système derrière toute habitude.
Chez les personnes aux prises avec la dépendance, ce système de récompense est altéré. La substance psychoactive ou même le comportement de dépendance devient surdimensionné par rapport à la recherche (normale) de plaisir ou de récompense. Ce qui signifie que le cerveau « dépendant » la considère plus importante et libère davantage de récompense (dopamine) lorsqu’elle arrive.
Émotivité négative : C’est la plus simple des trois clés. Les personnes dépendantes démontrent davantage de négativité. Présentez leur un stimuli quelconque, et leur réaction risque plus souvent qu’autrement, d’être de la tristesse ou de la colère.
Émotions négatives (que les chercheurs désignent comme "hypohedonia" – une habilité anormalement réduite à expérimenter le plaisir face à des activités agréables et ordinaires) rendent les personnes dépendantes plus vulnérables à leur besoin massif (craving). Ainsi, les comportements ou substances en cause deviennent des baumes temporaires pour cette souffrance intérieure.
Ces trois clés alimentent des dépendances aussi communes que l’habitude à la nicotine ou aussi dévastatrices que les opiacés et les amphétamines. Elles découlent de facteurs génétiques tels que la santé mentale et l’historique familial autant que de facteurs environnementaux tels que l’école et l’éducation.
L'article du National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism vise à devenir un genre de cadre sur lequel des chercheurs pourront construire les futurs développements en science de la dépendance. Attendez-vous à voir plusieurs études y référer dans les années à venir.
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Si vous souhaitez en savoir davantage sur la dépendance en tant que maladie je vous redirige vers la page DÉFINITION de l'American Society of Addiction Medecine (ASAM)
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La science est, aujourd'hui, de plus en plus en mesure de nous expliquer les mécanismes de la dépendance qu'Alcooliques Anonymes nous décrit depuis la fin des années '30. Mondialement, les 12 étapes demeurent à ce jour, l'approche qui aura aidé le plus grand nombre de dépendants à se rétablir de leur dépendance.
Si vous êtes aux prises avec une dépendance qui se manifeste dans votre vie sous une ou plusieurs formes, n'hésitez pas à vous intéresser à ce que les fraternités anonymes nous enseignent depuis plus de 80 ans.
J'offre aussi toute une gamme de services professionnels pour vous aider à gérer votre dépendance. Vous êtes cordialement invités à consulter mon offre de services et à y trouver celui qui vous convient.
Vos commentaires en lien avec cet article sont aussi les bienvenus...
Au plaisir,
Pierre E Rioux, psychosociologue, spécialisé en gestion du rétablissement des dépendances