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Retour au désert, retour à soi.

Dernière mise à jour : 19 sept. 2021

Le désert est cet endroit de solitude aride où nous nous retrouvons face à nous-mêmes. C'est un espace de vérité que nous croisons tous un jour. Que ce soit suite à une épreuve, un tournant, un questionnement persistant, ce passage au désert est un moment de croissance. Nous sommes dans un temps de grande incertitude. Notre monde connaît une crise d'une ampleur sans précédent. Cette crise sera une catastrophe pour certains, une opportunité pour d'autres. Un temps de tribulations mais aussi de transformation. Plusieurs perdront ce qui semblait être leur place pour en retrouver une nouvelle. Le sens de la vie devient une question critique et le retour à soi est essentiel. Je vous partage ici où j'en suis moi-même en espérant que vous y trouverez quelque chose pour vous-mêmes.

Chercher le sens de la vie... ça vous est déjà arrivé?

J'avais environ 20 ans quand Dieu est véritablement apparu dans ma vie. À l'époque je cherchais avec avidité le sens de mon existence, de notre existence sur terre. J'ai cherché dans tellement de directions et échafaudé tellement d'explications qu'au final, j'étais aussi perdu au départ qu'au retour. Puis, un jour, un collègue de travail m'a parlé du Monastère d'Oka où je me suis rendu sans savoir ce qui m'y attendais.

Le monastère des Trappistes d'oka avant leur déménagement à St-Jean-de-Matha

Ayant grandi dans une famille catholique, la religion était une habitude qui se conformait à certains comportements extérieurs superficiels sans véritable relation avec Dieu. Au monastère j'ai découvert des personnes qui avaient véritablement consacré leurs vies à Dieu. À l'époque du "Peace and Love" et de la révolution sexuelle, ça donne un choc de voir une soixantaine d'hommes faire le voeu de vivre toute leur vie dans la prière et le silence. On les appelle des contemplatifs. La contemplation est devenue ma prière. C'est une prière silencieuse où je me place devant Dieu et où je l'écoute m'écouter et où je le regarde me regarder. Je laisse monter tout ce qui habite mon coeur et mon esprit et je me place devant lui sachant qu'il regarde avec amour tout ce qui je suis, bon et mauvais.


Les années qui ont suivi ont été profondément marquées par la religion. J'ai étudié, travaillé et même habité avec des communautés religieuses. Des expériences extraordinaires. À début, je croyais vouloir devenir moine, puis, j'en suis venu à penser que je voulais devenir prêtre. J'ai été accepté au Séminaire de Montréal, mais après une semaine, mon désir d'être avec une femme est entré en contradiction avec le célibat sacerdotal. J'ai donc quitté. Aujourd'hui, avec le recul, en regardant en rétrospective le genre de compagnon que j'ai été avec les nombreuses femmes que j'ai fréquenté, je doute de la pertinence de ce choix.


Quoiqu'il en soit, à cette époque, une image et une prière se sont imposées à mon esprit. Je voulais à la fois être une antenne et un garage. Oui, oui, vous avez bien lu, une antenne et un garage.


Ma mission de vie en image

Une antenne pour être une transmission de Dieu. Je désirais que Dieu se serve de moi pour rejoindre ceux et celles que je croisais dans la vie. C'est d'ailleurs la manière par laquelle Dieu fonctionne - par l'intermédiaire des hommes et des femmes qui se tournent vers lui.


Le garage représente mon désir de venir en aide aux autres. D'être une source de réconfort. Un moyen par lequel ils pourraient se réparer. Avec le temps, ceci m'a amené à ma mission: la gestion de rétablissement des toxicomanies.


Je voulais être prêtre hors de l'église, car avec la temps, ma religiosité s'est transformée en spiritualité. La bible, le christianisme ont gardé tout leur sens, mais j'avais besoin de l'expérimenter dans la vraie vie et non dans une religion prête à porter.


C'est ce qui m'a motivé à compléter mon baccalauréat en psychosociologie et à aller étudier au Hazelden Center du Minnesota afin de suivre le "Chemical dependency consellor training Program". Une formation de 2000 heures, l'équivalent d'un baccalauréat, qui m'offrira la base de l'intervention en toxicomanie.


Auparavant, mon cheminement a passé par une thérapie où, à ma grande surprise, j'ai découvert être moi-même alcoolique. Une première thérapie où cette vérité s'est présentée, sans que je l'admette pour revenir sept ans plus tard et enfin reconnaître ma condition. Je me souviens encore des sanglots et de la douleur devant cette prise de conscience. Mais soudainement, quelque chose de ma personnalité, de mon caractère et de mon cheminement faisaient du sens. Aujourd'hui, avec déjà 25 ans de rétablissement derrière moi, cette condition est devenue une bénédiction.


Cette combinaison: "spiritualité", "antenne", "garage", "toxicomanie" est devenue le fondement de ma vie. C'est ce qui aura le plus marqué mon évolution personnelle et professionnelle. J'ai été porteur du dossier toxicomanie pour la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik ainsi que pour la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador. J'ai été intervenant à plusieurs endroits, dont la Villa Ignatia à Québec où j'ai eu le privilège d'intervenir auprès d'hommes et de femmes aux prises avec la toxicomanie, au moyen des Douze Étapes qui constituent le fondement de mon intervention et de ma vie.


Retour au désert, retour à soi.

Aujourd'hui, après tellement d'aventures, de péripéties, d'échecs et de succès je me retrouve devant la prochaine étape de ma vie, mais aussi de retour à la case départ à chercher le sens de ma vie. Une exigence s'impose au quotidien. Ma prochaine mission, mon prochain engagement s'enracinera dans mes tripes ou ne sera pas. J'ai actuellement l'espace de prendre le temps de me centrer, de me brancher sur ce que je suis véritablement. La contemplation reprend sa place et une écoute en profondeur de ce qui m'habite devient un rendez-vous quotidien. En attente de découvrir ce que Dieu attend de moi pour les prochaines années de ma vie, je suis à l'écoute de la vie et de ce qui m'habite. C'est comme un fruit qui murit avant d'être enfin prêt à être cueilli.


Je suis conscient comme jamais, de mes forces et de mes faiblesses. Je connais mes limites et je sais aussi ce que j'ai à offrir. Je sais que Dieu me dirige vers ma place et que cette place sera en cohérence avec ce qui m'habite au plus profond de moi-même.


Trouver sa place dans ces temps d'incertitudes devient une démarche spirituelle. D'ailleurs, le début de la spiritualité est au moment où on se questionne sur le sens de l'existence, sur le sens de notre présence individuelle et collective sur terre. Actuellement, des forces mondiales tentent d'amener l'humanité dans une direction que des millions refusent. C'est par un authentique et profond retour à soi-même que nous retrouverons le sens de notre existence individuelle et collective. Nous sommes tous habités et animés par la même force unique d'amour qui a un Plan pour chacun et chacune d'entre-nous. C'est dans ce retour à soi que ce Plan peut se manifester un jour à la fois. "Donnez nous aujourd'hui notre pain de ce jour".


Pierre Eugène Rioux, psychosociologue spécialisé en gestion du rétablissement des toxicomanies.




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