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De la carence à la synchronicité

Vous l’avez peut-être déjà entendu au sujet de notre humanité: «Nous serions des êtres spirituels venus vivre une expérience humaine sur la terre ». Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire?


Si je me fie à mon expérience personnelle, ça veut dire qu’en tant qu’êtres humains, nous serions incomplets. Il nous en manquerait un bout. Peu importe nos efforts, peu importe que nous fassions de notre mieux, nous en venons à expérimenter cette carence,  cet état « perfectible », dans lequel nous existons: il nous en manquerait un bout.


Un exemple de cette affirmation peut nous venir de la prière de la sérénité. Celle-ci nous apprend que nous n’avons pas la sagesse pour savoir faire la différence entre ce que nous pouvons changer et ce que nous devons accepter. Elle nous apprend aussi que nous manquons de sérénité pour accepter ce qui ne peut être changé, tout comme nous manquons de courage pour changer ce qui pourrait être changé. Sinon, pourquoi prier afin de l’obtenir si nous l’avons déjà?


En réalité, c’est tout le sens de la prière et de la foi. C’est là où notre existence « perfectible » commence à prendre son sens. Il nous en manque un bout et le bout qui nous manque nous l’obtenons en alliance avec Dieu. Alliance qu’Il nous offre et que nous pouvons rejeter ou accepter.


Un autre exemple de ce que j’avance est brillamment décrit dans « notre méthode » à la page 68 du Gros Livre. On y parle de cet égocentrisme qui nous pousse à vouloir « organiser tout le spectacle » à l’image d’un simple acteur qui se prend pour le metteur en scène. N’y arrivant habituellement pas, nous redoublons d’effort avec un résultat de plus en plus déplorable.


La Troisième Étape est la voie suggérée pour sortir de cette impasse: Confier notre volonté et notre vie à Dieu tel que nous le concevions. Mais pour y arriver, il faut d’abord avoir la conviction qu’une vie menée selon notre volonté personnelle peut difficilement être réussie. Nous avons donc intérêt à en confier la gestion à une Force plus grande que la nôtre à qui nous apprenons à faire confiance et à nous y abandonner. C’est une décision difficile à prendre et à maintenir. Il nous en manque un bout tant que nous tentons de n’y arriver que par nous-mêmes. Nous avons besoin de l’aide d’une Force plus grande que la nôtre pour y arriver. Sans cette aide, c’est impossible. Mais il y un Être qui a tout pouvoir et cet Être, c’est Dieu. Puissions-nous Lui demander de nous aider à Le trouver maintenant!


Et ne faisons pas l’erreur de penser que cette carence, cet état « perfectible » est réservé aux seuls alcooliques. Non! C’est le lot de tous les être humains. Chacun, en son propre temps, fait un jour ou l’autre l’expérience de « ne pas être assez ».


Quand nous prenons conscience de tous les conditionnements dans lesquels nos existences évoluent, nous comprenons que nul n’échappe à cette réalité: Nous ne choisissons ni notre nom, ni notre apparence, ni notre famille, ni notre éducation, ni la société dans laquelle nous vivons, ni les règles auxquelles nous devons nous soumettre.


Pire encore, nous ne choisissons ni notre personnalité ni nos traits de caractère. Nous devons vivre avec les attributs physiques, psychologiques, biologiques et génétiques que nous avons reçu à notre naissance. Et nous portons pourtant ce lourd fardeau qui nous dit que nous sommes seuls responsables de toute notre existence. Car notre égo croit qu'il doit pouvoir gérer tout ça, mais la réalité le ramène à l'ordre.



Bien sûr nous pouvons changer quelques aspects de notre vie, mais la plupart du temps, ces conditionnements nous suivent toute notre vie. Nous entamons donc la partie avec les cartes qui nous sont offertes et invariablement, des épreuves arrivent. Une rupture amoureuse, une perte d’emploi, une maladie, un décès, un accident, que sais-je encore? Et c’est souvent là que nous prenons conscience du bout qui nous manque,  car il nous en manquera toujours un bout. Certains en font l’expérience tard dans leur vie, tandis que d’autres la font plus tôt.


Nous les alcooliques sommes aux prises avec une maladie chronique, progressive et fatale qui nous amène à comprendre cela plus rapidement et plus profondément que la moyenne des individus. Plus encore, nous avons, par la Grâce de Dieu,  un mode de vie qui nous permet d’atteindre la sérénité en dépit de ce qui précède.


Pour ma part, malgré mes 27 années de rétablissement, j’ai longtemps agi avec l’égocentrisme du metteur en scène décrit à la page 68 du Gros livre. Le pire est que j’ai eu ce texte sous les yeux tout ce temps avant d’arriver à vraiment m’y reconnaître. Comme j’essayais de conduire le spectacle avec bienveillance et respect, je me faisais accroire que cette description ne me concernait pas. Il m’aura fallu un nombre incalculable de ruptures amoureuses et de pertes d’emplois pour y arriver. Avec le recul, je peux reconnaître que pas une seule des compagnes qui a accepté de cheminer avec moi n’y a échappé. Immanquablement, je trouvais une chose ou l’autre, ou plusieurs, qui devaient changer chez elles afin qu’elles soient tout à fait à mon goût. Même chose pour l’emploi. Impossible pour moi d’obtenir un poste sans vouloir à court, moyen terme, finir par vouloir « améliorer les choses ». Encore mieux, j’ai obtenu un baccalauréat en développement organisationnel qui me justifiait dans cette tendance à vouloir changer mon milieu de travail en tout ou en partie.


« Que se passe-t-il habituellement? Le spectacle ne se déroule pas très bien. L’acteur (qui se prend pour le metteur en scène) commence à croire que la vie est injuste envers lui. Il décide de se forcer davantage. La fois suivante, il devient plus exigeant ou plus bienveillant, selon le cas. Mais la pièce ne le satisfait toujours pas. Tout en reconnaissant sa part de responsabilité, il est convaincu que les autres ont encore plus de torts. Il se fâche, s’indigne et s’apitoie sur son sort. Quel est son problème fondamental? Ne recherche-t-il pas sa propre satisfaction, même lorsqu’il essaie d’être bon avec les autres?Même dans ses meilleurs moments, ne crée-t-il pas plus de confusion que d’harmonie? Notre acteur - qui se prend pour un metteur en scène - ne pense qu’à lui ou, pour employer un terme à la mode, c’est un égocentrique." (Gros livre p. 68)

Prendre finalement conscience de cet aspect de ma personnalité a été un choc. L’équivalent de frapper un mur de plein fouet. Je suis resté sous le choc durant un bon bout de temps ne sachant plus comment agir. C’est là que j’ai compris le sens de la prière de la sérénité.

Prière de la Troisième Étape

Je suis incapable, laissé à moi même, de faire la différence entre ce que je dois accepter et ce que je pourrais changer. Je n’en ai pas la sagesse. Je n’ai pas, non plus, la sérénité d’accepter la vie telle qu’elle est et encore moins le courage de changer ce que je pourrais. J’ai besoin de confier ma volonté et ma vie à Dieu et de Le prier seulement afin de connaître Sa Volonté à mon égard et d’obtenir la force de l’exécuter.« Seigneur, guide-moi par des moyens et d’une manière que je peux comprendre afin que je puisse faire Ta Volonté.


Et c’est à partir de là, que le bout qui manque se présente au travers des personnes que je rencontre, des évènements et circonstances de ma vie et bien sûr, de mon intuition. Une « synchronicité » se manifeste dans ma vie d’une manière qui ne vient clairement pas de moi et qui me permet d'être complet.


"Moi je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut porter de fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire". Jean 15:01

Pierre Eugène Rioux, psychosociologue

Spécialisé en gestion du rétablissement des dépendances


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