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Le savoir et le faire...


Une vie humaine peut prendre tellement de directions possibles. Comment savoir quelle est la bonne ? Dans ce monde éclaté où les valeurs collectives ont laissé la place aux valeurs individuelles. Dans cette société où même l’identité sexuelle est éclatée, puisqu’il n’y a plus que les simples catégories de mâle et femelle qui soient reconnues, mais des dizaines d’autres qui s’ajoutent au fil du temps. Comment savoir quel chemin prendre et quel est celui qui me convient ?

Lorsque j’étais adolescent, il y a de cela plusieurs années maintenant, je me souviens de la complexité des choix auxquels j’ai dû faire face pour orienter ma vie. Ceci fut un des plus grands tourments de ma vie. Parce que ces choix auxquels nous sommes confrontés questionnent à la fois notre identité et le sens même de notre existence.

Qui suis-je ? Qu’est-ce que je fais sur la terre ? Qu’est-ce qu’on fait sur la terre ? Quel est le sens de la vie ? Un jour ou l’autre ces questions nous rattrapent ou nous attendent à un tournant de notre vie. Un imprévu, une épreuve, un virage auquel nous ne nous attendions pas et BANG, voilà nos certitudes envolées en fumée.


Le plus remarquable est cette conviction qui nous habite d’avoir « le Plan ». Nous portons tous, dans un ego plus ou moins distortionné, la certitude de devoir trouver notre chemin par nous-mêmes. Combien d’entre nous peinons jour après jour à définir « le Plan » de notre vie, suivant un schéma que nous croyons être le bon, mais qui se défait et se refait constamment ? Le grand John Lennon disait dans sa chanson « Beautiful Boy » : « Life is what happens to you while you’re busy making other plans . » « La vie est ce qui t’arrive pendant que tu es occupé à faire d’autres plans ».

Nous constatons tous, un jour où l’autre dans notre vie, l’incertitude à laquelle nous faisons face dans le quotidien de notre existence. Durant certaines périodes où tout semble se stabiliser et prendre un sens, nous nous calons confortablement dans l’illusion que cette accalmie sera notre vie. Puis, survient ce virage imprévu, rupture conjugale, perte d’emploi, maladie, mortalité, échec, la liste peut s’allonger. Et voilà nos convictions qui prennent le bord et nous laissent nus devant l’incertitude de la vie.

L'imprévisibilité de la vie

Pourtant, dans cette mer d’incertitude dans laquelle notre vie évolue, il y a quand même certaines certitudes qui semblent se maintenir à tout prix. De quoi s’agit-il ? En voici quelques unes :

Nous ne choisissons pas le jour de notre naissance ou de notre mort. Nous ne choisissons pas notre famille, notre pays d’origine, ni les règles et les lois auxquelles nous devons nous soumettre. Nous ne choisissons pas le fait que la vie est en perpétuel changement. Nous ne choisissons pas le corps que nous habitons et malgré quelques altérations possibles, nous ne choisissons pas non plus son apparence. Nous ne choisissons pas les talents dont nous disposerons et que nous aurons à développer ni ceux que nous n’aurons pas. Nous ne choisissons pas la vieillesse et les pertes qu’elle engendre. Nous ne choisissons pas la durée d’une relation amoureuse, ni le temps que nos enfants sont avec nous. Nous ne choisissons pas la température du jour, le comportement de notre prochain, l’évolution de l’économie, le prix de l’essence, de la nourriture, le salaire que nous gagnerons et les obligations financières qui nous seront imposées. Vous comprenez que la liste peut s’allonger longtemps avant d’arriver à la conviction de ce que nous devons être ou faire devant cet univers d’incertitude. Et le plus remarquable, est cette continuelle tentative d’occulter, de tasser cette réalité, au profit de la certitude d’être en contrôle, ou pire encore, de devoir l’être.

Évidemment, pour une personne aux prises avec l’alcoolisme, la toxicomanie, la dépendance sous quelque forme que ce soit, cette difficulté inhérente à la vie humaine devient encore plus problématique. Dans son livre de base, Alcooliques Anonymes écrit : « Animés par une centaine de sortes de peurs, déçus de nous-mêmes, ne recherchant que nos intérêts et nous apitoyant sur notre sort, nous marchons sur les pieds de nos semblables et ils réagissent. Ils nous blessent parfois, apparemment sans avoir été provoqués, mais invariablement, nous découvrons que dans le passé, nous avons pris une décision basée sur nos seuls intérêts qui nous a exposés à être blessés plus tard. »

Pour ceux et celles qui connaissent ce genre de problématique, il n’est pas difficile de comprendre combien cette condition peut handicaper un individu. Et dans une société où la « pharmaceutique » prend de plus en plus d’emprise sur nos vies nous nous retrouvons un jour coincés dans un cul-de-sac dont nous ne savons plus comment sortir.

Une société surmédicamentée

Les dernières statistiques nous révèlent que le recours aux médicaments servant à (supposément) traiter la dépression est en augmentation constante dans notre société. Selon le Devoir (25 mai 2016) 50% des antidépresseurs prescrits au Québec entre 2006 et 2015 étaient pourtant prescrits pour des troubles autres que la dépression. Parmi les raisons évoquées, les médecins auraient prescrits des ordonnances pour trouble anxieux, insomnie, trouble de panique. L’usage des antidépresseurs a augmenté de façon constante en Amérique du nord et ceci nous aide à comprendre pourquoi. Si ceci n’est pas un symptôme de notre façon collectivement déficiente de vivre, je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre…

Alors, ayant possiblement reconnu que nous sommes collectivement dans une façon déficiente de vivre, comment faire pour développer un mode de vie plus « sain » ?

Je n’ai malheureusement pas « la réponse », je n’ai que la réponse à laquelle j’adhère et selon laquelle je m’efforce de vivre au jour le jour. Cette réponse est basée sur des croyances, comme toutes les réponses que nous pouvons trouver dans la vie. Devant toutes ces incertitudes, je m’en remets à Celui qui a conçu tout ce que nous connaissons. J’aime bien l’appeler le Créateur.

Qui mieux que Lui peut connaître « le Plan » ? Qui mieux que Lui peut connaître ma route sur la terre et le chemin que je devrais emprunter ? Ainsi, à tous les jours je Lui demande de m’indiquer la route à prendre. Ce texte par exemple, que j’ai toutes les difficultés du monde à terminer, parce que les résultats que j’obtiens dans ma vie ne sont pas ceux que je souhaiterais pour le moment, se poursuit pourtant une ligne à la fois.

Sans emploi, en démarrage incertain d’entreprise, célibataire, monoparental, confronté à la précarité financière, parfois désemparé devant le chemin à prendre. Tout pour me dire que je ne suis pas sur le bon chemin. Le découragement vient parfois veiller avec moi le soir et s’attarde quelque fois toute la journée durant. Conscient des limites personnelles qui m’ont procuré ce résultat. Mais conscient aussi d’avoir été fidèle et à ce que je suis et au Dieu que j’honore. Alors cette réponse selon laquelle je m’efforce de vivre – cette réponse qui me dit de faire confiance à mon Dieu – quelques soient les chemins qu’Il me fait emprunter – cette réponse est-elle si adéquate ?

Quand je regarde ma vie avec les yeux de mon ego, ou avec les yeux de la société de consommation, la réponse est non. Quand je suis obligé de dire à mes enfants de ne pas s’attendre à des cadeaux de Noël cette année parce que je ne sais pas comment je pourrais arriver à leur en acheter, la réponse est non. Quand je ne vois pas d’issue à ma situation actuelle, la réponse est non.

Pourtant, malgré une tristesse occasionnelle et un découragement passager, il reste, à ma grande surprise une abondance de sérénité et de paix. Je m’efforce de faire à chaque jour ce que je crois juste. Je découvre à chaque jour ce que je crois devoir faire. Il y a au fond de moi une confiance qui ne me délaisse jamais et qui me donne le courage de me lever chaque matin, de demander mon chemin, de prendre soin de mes enfants, de faire avancer mes projets.

Alors, d’où me viennent cette sérénité et cette confiance ? Certainement pas de moi. Laissé à moi-même, j’ai plus souvent qu’autrement le goût de me laisser écraser et de m’écrouler dans l’apathie. Alors… d’où me vient la force de continuer à croire, à espérer et à agir ?

La réponse qui m'apporte le savoir et le faire

Cette force me vient de cette confiance en ce Dieu dont je suis convaincu qu’Il veille sur moi. Cette force me vient de cette conviction que malgré les pauvres résultats que je démontre actuellement dans ma vie, ceci n’est qu’un passage obligé pour devenir ce qu’Il veut que je sois pour Le servir du mieux que je peux. Je ne sais pas comment Il m’amènera à contribuer, ni quelle sera finalement cette contribution que je ferai grâce à la force et au courage qu’Il me donne. Mais je suis convaincu que cette contribution fera du sens et me permettra de bien vivre. Bref, ma réponse est que mon Dieu me donne du fond de moi-même, ainsi qu’au travers les personnes et événements de ma vie, le savoir et le faire nécessaires pour que ma vie s’accomplisse selon son Plan pour moi et, pour le moment, cela me suffit, même si parfois je trouve ça difficile.


Où est-ce que je trouve cette force? Je la trouve en moi avec la conviction qu'elle est en chacun de nous, homme, femme ou autre. Lorsque je m'accorde le temps et l'espace nécessaires pour m'intérioriser suffisamment pour entrer en moi, j'y découvre une ressource sur laquelle je peux m'appuyer. Ça me laisse un peu la sensation d'un diapason comme celui que j'utilise pour accorder ma guitare et sans lequel celle-ci jouerait constamment faux. Ce diapason est en chacun de nous. Est-ce mon âme, ma conscience, mon moi profond? Ce lieu secret a reçu de nombreux noms. C'est certainement le point de jonction où ce que je suis se confond avec ce Dieu dont on me dit que je suis l'enfant et à l'image de qui j'aurais été créé.

J’ai arrêté depuis longtemps de compter le nombre de fois où, désemparé, ne sachant plus quoi faire et n’ayant même plus la force de faire quoique ce soit, je me suis tourné vers ce lieu secret pour retrouver une force et une inspiration renouvelées. Ceci me laisse avec cette étrange sensation que quelque chose de plus grand que moi prends soin de moi en autant que je continue à me tourner vers Lui. Recevoir ma vie, un jour à la fois, dans une forme d’abandon et de confiance qui me permet de retrouver à chaque jour la portion du Plan que j’ai à connaître pour aujourd’hui. Cette confiance n’a pas de prix parce qu’elle me procure cette paix et cette sérénité qu’aucune fortune, qu’aucun succès, qu’aucune compagne ne pourrait me procurer avec autant de profondeur. Ceci ne veut pas dire que le succès, la fortune ou une compagne ne reviendront pas dans ma vie. Mais ceci veut certainement dire que, le jour où ceci arrivera, j’aurai intérêt à me souvenir d’où cela vient.

Pierre E Rioux, psychosociologue


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