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Abstinence ou sobriété?

Dernière mise à jour : 10 mai 2023


Dans le « mouvement » des groupes d’entraide anonymes, que ce soit « Alcooliques Anonymes », « Narcotiques Anonymes », ou autre, il y a souvent de la confusion entre «abstinence» et « sobriété ». Plusieurs affirmeront avoir des années de « sobriété» alors qu’en fait, ils n’ont que du temps d’abstinence… Pour un « dépendant », cette distinction est cruciale s’il veut évoluer dans son rétablissement.

Alors, quelle est donc la différence entre « abstinence » et « sobriété » ?

L’abstinence, réfère au fait de « s’abstenir » d’une substance ou d’un comportement. Beaucoup de dépendants-es en feront l’objectif ultime de leur rétablissement. Ils n’auront malheureusement pas compris que cette abstinence n’agira que sur environ 15% de leur problème. En fait, le but ultime du rétablissement, n’est pas l’abstinence, mais bien la sérénité. Cette paix de l’esprit inestimable qui est à l’opposé de l’état mental de la plupart de dépendants actifs. Un dépendant « actif » est une personne qui consomme encore régulièrement et de façon abusive des substances dans le but de trouver une récompense ou un soulagement. Un dépendant « actif » est un individu qui aura aussi des comportements motivés par cette même recherche maladive de récompense ou de soulagement, le tout, évidemment associé à des conséquences de plus en plus destructrices.


La sobriété est donc ce qui amène l’abstinence vers la sérénité. Quelqu’un de sobre, démontrera de la mesure et de la réserve dans ses comportements. Quand on sait que la dépendance (alcool, médicaments, drogues, sexe, travail, nourriture, etc.) est surtout caractérisée par cette tendance à exagérer dans tous les domaines de sa vie, on comprend comment la sobriété peut devenir un enjeu incontournable.

Généralement, le dépendant actif (alcool, médicaments, drogues, sexe, travail, nourriture, etc.) connaîtra un quotidien envahi par la peur, le ressentiment, l’apitoiement, l’orgueil, la honte, la culpabilité, l’égocentrisme et bien sûr, l’égoïsme. L’abstinence ne fera pas nécessairement disparaître ces tendances. C’est la recherche de sérénité, en passant par la sobriété qui permettra au toxicomane de trouver cette paix si douloureusement absente. Comment obtenir cette sobriété ? La sobriété est quelque chose qui se pratique une journée à la fois et, c’est là que les Douze Étapes entrent en jeu.

Le livre « Alcooliques Anonymes » dit à ce sujet : " Si vous avez décidé que vous voulez ce que nous avons et que vous voulez tout faire pour l’obtenir, alors vous êtes prêts à prendre certaines mesures. Devant certaines de ces étapes, nous avons hésité. Nous avons cru pouvoir trouver une méthode plus facile et plus douce. Mais ce fut impossible. Avec toute l’ardeur que nous avons, nous vous supplions d’être sans crainte et sincères dès le début. Certains d’entre nous ont tenté de s’accrocher à leurs vieilles idées, mais le résultat a été nul tant qu’ils ne se sont pas complètement abandonnés à ce simple programme." –Alcooliques Anonymes, chapitre "Notre Méthode" p. 65

Pierre E Rioux, psychosociologue


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